leçon numéro 1 : dompter la bête

Publié le par marie jeanne

             L’homme est un animal comme un autre, tout le monde en conviendra. Quand cet être humain est de plus habillé d’une tenue blanche, c’est pire. En ma qualité d’étudiante infirmière, j’ai eu l’honneur de rencontrer un zoo entier entre quatre murs aseptisés. Pauvre patient qui se croit en sécurité, il ne se doute pas des coups de griffe et des coups de pute qui se jouent à quelques mètres de lui…

            Troisième jour de stage. Les deux premiers s’étant relativement bien passés dans ce service tranquille de chirurgie, je suis arrivée pimpante (quoique les yeux bien clos à 7h du matin…) et ai vu deux nouvelles infirmières. La veille, l’IDE m’avait prévenu : «  ces deux là, c’est pas de la tarte ». J’ai bien écouté, puisque celle là était gentille, un agneau doux comme tout. De fait, la fable avait dit vrai : la loi du plus fort est bien la meilleure. Et l’agneau avait elle aussi une trouille bleue des deux loups.

Donc ce jour débutait avec certes quelque craintes, mais bon quand même, des loups ca se mate. L’autre étudiante et moi-même leur avons dit bonjour (merci papa maman, je suis bien élevée). Présentations faites de mon statut d’élève, la réponse fut cinglante : « cool, regarde ça, de la viande fraîche ! ». ca vous met direct dans l’ambiance… par respect d’anonymat et surtout pour éviter le désagrément de me faire jeter de l’IFSI, je vais les appeler Ursula et Cruella.


         Ursula est la louve dominante. Froide, hautaine, détestant autant répondre aux questions qu’être aimable, elle terrorise et se fait tant haïr que respecter par son équipe.

          Cruella est à la fois pire et mieux : sans la dominante, ne sait rien faire de ses dix doigts que glander mais est relativement abordable. Avec Ursula, attention, l’union fait la force, dégagez tous !


          Seul point commun : la salle café. Les deux louves aiment à se retrouver devant leur breuvage matinal pour de longues et passionnantes discussions dont le sujet principal est surtout l’incompétence des aides soignantes, le caractère de cochon des médecins et leur abrutie de cadre. Après… bah les soins, y’a les étudiants pour ça, faut bien les occuper.

« Tu sais piquer ? » fut la seule phrase prononcée ce matin là. Petite étudiante consciencieuse, je réponds que oui, je sais faire, mais que si elle veut venir voir pour s’assurer que tout va bien, pas de souci. « bah non, pourquoi je viendrais ? tu sais piquer oui ou non ? tu crois quand même pas que je vais venir en plus ?! ». le ton était donné. La matinée s’est donc écoulée ainsi : moi en train de me perdre dans les placards à tout chercher, elles deux dans la salle de pause à chercher des poux aux autres bêtes.

Alors l’agneau que je suis a du changer de stratégie. Agneau je suis et en morceaux bourguignon je serai bouffée ; agneau j’étais et loup devenu, elles me respecteraient le minimum syndical. La notion de respect étant, bien sûr, toute relative dans ce milieu de pétasses. Respect pour que j’ai la paix mais en ayant une réponse à une question posée.

Eh bien en l’espace d’une semaine, en disant juste bonjour et au revoir, en ayant un taux de réussite de 80% à ma pose de perf et en posant moins de cinq questions par jour, j’ai réussi à ce qu’elles se rappellent mon prénom, et même que je travaillais bien.

Dieu soit loué, presque deux semaines passées, et j’ai dompté la bête…

 étudiante-agneau / louves : 1 - 0 !!!!!!!!!!!!

 

 

 

 

 

Publié dans 2e année

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